En ce 22 aout 2025


LE BALADO: Le Parc des ancêtres sur l'île d'Orléans


ARTICLE DU JOUR: Le vénérable Alfred Pampalon

Alfred Pampalon

Le vénérable Alfred Pampalon

Par Benoit Voyer

22 août 2025

À Lévis, le 24 novembre 1867, naît Alfred Pampalon. Il est le fils d’Antoine Pampalon (1823-1891) et Josephte Dorion (1828-1873).

À l’âge de 17 ans, il contracte une maladie pulmonaire.

Confiant en la bonne sainte Anne, il se rend prier la grand-mère de Jésus, dans le petit sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, sur la rive nord du Saint-Laurent, juste en face de l’île d’Orléans. S’il guérit, il promet de devenir prêtre rédemptoriste, une communauté religieuse masculine qui n’existe pas encore au Québec. En 1886, il s’embarque pour la Belgique. Il sera ordonné le 4 octobre 1892.

A Mons, en Belgique, il enseigne le catéchisme et visite les personnes malades.

En parlant de sainte Anne, il disait un jour: « J’ai promis à ma Bonne Mère de devenir un saint! Et ma confiance en elle me le fait espérer! ».

En 1895, atteint de la tuberculose, Alfred revient au Canada et intègre sa communauté religieuse à Sainte-Anne de Beaupré.

Le 30 septembre 1896, après avoir chanté le « Magnificat », il fixe les yeux au ciel, comme s’il avait une vision, et passe sur l’autre rive de l’existence.

Il repose dans la crypte de la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, près de la chapelle du Très Saint-Sacrement.

Alfred Pampalon a été déclaré vénérable le 14 mai 1991.

La tombe du vénérable Alfred Pampalon au Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré


PAROLE DE René Lévesque

NATURE


La Réserve naturelle Marie-France-Pelletier, a Joliette

PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 13 (1993) - Première diffusion


Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 13 (1993)

Au programme: 

1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le livre des Psaumes; 
2-Pèlerinage à Denver a l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II. Le Cardinal Jean-Claude Turcotte est du nombre des pèlerins 1ere partie; 
3-Lorraine Caza: La visiteuse chez Simon 
4- Le courrier de l'évêque: Mgr Roger Ébacher: L'importance de la pratique dominicale; 
5-Pèlerinage à Denver a l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II. Le Cardinal Jean-Claude Turcotte est du nombre des pèlerins 2e partie; 
6- Les moines cisterciens de Rougemont chantent le Psaume 90; 
7- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle des marguilliers;
8-René Laprise parle de l'avenir des paroisses dans le diocèse de Gatineau-Hull; 
9- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Quels sont les signes de la Providence dans notre vie? 
10- Chronique sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres. 
11-Pierre Bélanger livre une réflexion: Médias, races et cultures; 
12- La chanteuse Danièle Oddera lit un extrait de la bible.

 ______________________________________________ 
Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 13 (Fonds Benoit Voyer) 
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, à Granby

JEAN-PAUL REGIMBAL: Rencontre avec le père Dismas Clarck


Rencontre avec le père Dismas Clarck

C’était le 7 juillet 1963, à St.Louis, Missouri. Je revenais d’un voyage à la prison-modèle de Marion, Illinois, en compagnie de R.P. Yves, aumônier a la prison des femmes, rue Fullum à Montréal. Le P.Clark nous avait fixé un rendez-vous à 8 :30 p.m. et nous reçut tous deux avec un fraternel intérêt.

Il semblait épuisé et la mort se lisait déjà sur son visage. Sa parole hésitante, son geste lent, son attitude prostrée, nous déçurent beaucoup au premier abord. Mais en moins de cinq minutes, il avait réussi à dissiper ce nuage de déception par la clarté de sa pensée, la noblesse de son idéal et le mordant de son expérience.

Je ne crains pas de le dire, le père Clarck est un révolté! Mais sa révolte est féconde. Ce n’est pas une révolte anti-sociale, ou anti-chrétienne. C’est une révolte anti-façade, anti-conformiste. C’est une révolte d’ « engagé », qui ne peut supporter le masque du pharisaïsme des « faux-chrétiens ». C’est une révolte évangélique contre le sort fait aux humains par d’autre humains qui se disent « chrétiens ».

Pour donner une idée de l’homme, il suffit d’examiner son style. Une question a réussi à mettre sa pensée a découvert :

- « Mon père comment faites-vous pour financer vos œuvres?

-C’est bien simple, dit-il, je m’adresse à ceux vraiment compris l’Évangile : les Juifs et les athées! Environ 80% des dépenses sont assumés par les Juifs et l’autre 20% par les athées. La différence est couverte par les œuvres de charité du diocèse de St.Louis.

-Qui vous aide le plus à réaliser votre idéal de secourir les ex-détenus?

-C’est vraiment l’évêque! Oui, l’évêque anglican de St.Louis qui m’a envoyé un séminariste en vue de le former aux œuvres d’assistance.

-Qui sont vos meilleurs amis, ceux qui vous secondent le plus dans ce travail épuisant?

-Les policiers viennent de l’abattre avec une balle dans la tête, malheureusement! Mais il me reste encore James Hoffa, qui est pour moi un vrai frère. Puis a bien y penser, il y a le cardinal Ritter, archevêque de St.Louis!

La pensée du P.Clarck, on le constate, n’a rien de très « orthodoxe », mais elle est un écho fidèle de l’Évangile. Dans le royaume de Dieu, les petits et les courtisanes vous précéderont à grands pas.

Le P.Clarck a compris d’une façon dynamique et personnelle la doctrine du Corps mystique et, d’instinct, il s’est porté au secours des membres souffrants du Corps du Christ. « Tout ce que vous faites au plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » - « J’étais nu et vous m’avez vêtu; J’étais malade et vous m’avez soigné; Assoiffé et vous m’avez donné à boire; Affamé et vous m’avez nourri; EN prison et vous m’avez visité! … »

Ce remarquable apôtre des ex-prisonniers, mieux connu sous le nom de « prêtre-voyou » (Hoodlum Priest), est né à Decatur, Illinois (E.U.), le 23 décembre 1901, de parents irlandais. Il compte sept frères et cinq sœurs. Il reçut sa formation académique a l’Université St.Louis et sa formation sacerdotale au Séminaire St.Mary’s (Kensas). Il s’est particulièrement signalé dans la lutte contre la peine capitale et s’est dépensé corps et âme auprès de criminels américains depuis 1936. Il fonda en 1959, son premier centre de réhabilitation connu sous le nom de « Dismas House » et son rayonnement est assuré aujourd’hui par 5 autres maisons du genre, dont les deux plus considérables sont à Chicago et à Toronto.

C’est le 15 août, en la fête de l’Assomption de la Vierge, que le R.P. Clarck est mort après deux semaines d’hospitalisation.

L’homme a disparu et c’est une perte pour toute l’humanité, car son cœur et son esprit sont de ceux qu’on retrouve une fois par cent ans… Et encore! Cependant, sa pensée survit dans ses œuvres et la doctrine évangélique qui l’a éclairé dans sa doctrine devrait continuer à guider tous ceux qui œuvrent dans le champ de la réhabilitation sociale.

Pour le P. Clarck, l’ex-détenu est un homme destiné au bonheur éternel et ses erreurs passées lui donnent droit, plus qu’aux autres, à la rédemption du Christ : « Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs ». Depuis l’avènement du Christ, tous les hommes sont liés entre eux par un nouveau lien : en plus de participer à la même nature humaine, ils sont tous appelés à la même vie divine. Si nous sommes frères dans le Christ, le prisonnier est donc mon frère, un frère dans le plus grand besoin. Il veut simplement sa part d’amour fraternel et sa part d’héritage! Un frère peut-il refuser cela a son frère?

Jean-Paul Regimbal

(Trinité liberté, septembre et octobre 1963)

En ce 21 août 2025


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LE BALADO: Le Manoir Mauvide-Genest sur l'île d'Orléans



ARTICLE DU JOUR: La vénérable Marcelle Mallet

Marcelle Mallet

La vénérable Marcelle Mallet

Par Benoit Voyer

21 août 2025

Le 26 mars 1805, à Côte-des-Neiges, devenu un arrondissement de Montréal, Vital Mallet (1776-1810) et Marguerite Sarrazin (1777-1856) donnent naissance à une fille qu’ils nomment Marcelle. Elle est baptisée le lendemain dans la Basilique Notre-Dame. Charles Picard et Marie-Anne Picard demandent pour elle l’entrée dans la foi chrétienne.

Son père décède le 23 avril 1810, à L’Assomption, dans l’actuelle région de Lanaudière. Il n’a que 33 ans. Il est inhumé dans le cimetière du patelin. En 1829, sa mère contractera un second mariage avec Nicolas Marchand. Elle finira ses jours à Châteauguay.

Après sa première communion, Marcelle rejoint son unique frère, Narcisse, à Lachine, chez un oncle et une tante qui deviendront ses parents adoptifs. Auprès d’eux, elle aura un solide support affectif.

En 1824, elle entre chez les Sœurs de la Charité de Montréal, congrégation fondée par sainte Marguerite Dufrost de la Jemmerais (1701-1771), veuve de François-Madeleine d’Youville (1700-1730). Cette communauté religieuse se consacre au service des pauvres.

En 1849, ses supérieures lui demandent d’être la fondatrice et supérieure d’un nouvel établissement de la congrégation à Québec.

Marcelle devra faire preuve d’autonomie et de leadership puisque ce n’est pas une succursale de Montréal qu’elle doit mettre en place, mais une nouvelle congrégation religieuse autonome.

Dès leur arrivée dans cette ville fondée par Samuel de Champlain en 1608, Marcelle Mallet et quelques compagnes se mettent immédiatement au travail: soin des malades à domicile, visite des pauvres, hébergement des orphelines, l’aide aux séminaristes et l’ouverture d’une petite clinique médicale pour les pauvres. Au fil des années qui suivront, des centaines et des centaines de femmes se joindront a la nouvelle communauté.

La fondatrice décède le dimanche de Pâques 9 avril 1871.

Le 27 janvier 2014, elle est déclarée vénérable par le pape.

PAROLE DE René Lévesque

NATURE


Le jour se lève dans le secteur de Lachenaie, a Terrebonne. C'était le 14 août 2025.

PAROLE ET VIE avec Roland Leclerc no 12 (1993) - Première diffusion


Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 12 (1993) 

Au programme: 

1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le livre d'Amos; 
2-Suzane Cousineau, responsable de paroisse dans le diocèse de Saint-Jérôme; 
3- Le courrier de l'évêque: Mgr Maurice Couture: La résignation chrétienne devant le mal; 
4-Pèlerinage a l'Oratoire Saint-Joseph, a Montréal, par la communauté italienne; 
5- Les moines cisterciens de Rougemont chantent;
6- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle du servant de messe;
7-Johanne Boisvert du diocèse catholique de Saint-Hyacinthe parle d'un guide produit pour l'Année internationale de la famille;
8- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Est ce que les jeunes ont du coeur?
9- Chronique Sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres.
10-Thérèse Miron livre une réflexion: Dieu et l'argent; 11-
Le comédienne Mireille Thibault lit un extrait de la bible.

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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 12 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby

JEAN-PAUL REGIMBAL: Qu'est-ce qu'une spiritualité trinitaire?


Qu'est-ce qu'une spiritualité trinitaire?

En définissant la « Spiritualité » comme « une expérience de vie » et comme « une authentique relation interpersonnelle avec le Dieu Vivant », nous plaçons d’emblée nos discussions présentes et futures sur le plan de « réalités vécues », de « faits existentielles » dans le domaine d’une foi expérientielle (ou expérimentale).

Déjà saint Jean nous décrit clairement la nature de cette expérience de foi dans sa première épitre au chapitre quatrième : « Dieu est amour-charité. Qui demeure dans la charité demeure dans la Trinité et la Trinité demeure en lui ». Jean se fait en cela l’écho fidèle du Seigneur Jésus qui déclarait : « si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole. Et mon Père l’aimera. Et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jean 14,23). Cette affirmation confirme en la complétant ce que Jésus disait quelques instants plus tôt : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Et je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraclet, pour être avec vous a jamais, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le voit ni ne le connait. Vous, vous le connaissez parce qu’il demeure avec vous et qu’il est en vous ». (Jean 13, 15-17)

Il est intéressant de constater comment un témoin de la primitive Église, Saint Irénée, décrit l’essence même de l’expérience trinitaire, tel que nous voulons en parler à nos fidèles lecteurs : « Dans la voie de son retour vers Dieu, l’âme suit l’ordre inverse des processions divines. Au sein de la Trinité, le Père est le principe premier qui engendre son Fils; Et c’est du Père et du Fils ensemble que respire l’Esprit saint. Mais l’âme humaine est d’abord touchée par l’Esprit qui la regénère et la façonne a l’image du Fils, et c’est par le Fils, avec le Fils et dans le Fils, qu’elle a accès auprès du Père ».

Cette approche déçoit et dérange plusieurs auteurs qui préfèrent l’ordre logique et pédagogique à l’ordre théologique et pneumagogique : « Ceux-là sont fils de Dieu qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu » (Rom. 8,14; Gal 5,18). Mais qui sommes-nous donc pour vouloir imposer à Dieu la manière de nous conduire jusqu’à lui?

Effectivement, l’expérience concrète de la spiritualité trinitaire suit largement trois étapes successives :

1- Un abandon total et inconditionnel a la personne du Saint-Esprit, Esprit d’amour du Père et du Fils. Tant que l’Esprit de Dieu n’a pas libre accès aux plus secrètes intimités de l’esprit de l’homme, il ne peut se produire effectivement de « contact personnel et personnalisant » capable de produire un « impact transformant et spiritualisant ».

2- Sous la conduite totale de l’Esprit saint, s’ouvrir à la merveilleuse découverte de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme sous l’opération du Saint-Esprit, afin d’en arriver à ce que saint Paul appelle la « science suréminente de la charité du Christ » dont on déplore « la hauteur, la profondeur, la largeur et la longueur ». C’est l’Esprit saint qui nous fait enfin saisir la vérité et la réalité éblouissante que Jésus est vraiment notre Seigneur et notre sauveur personnel. La découverte sensationnelle de cette vérité fondamentale entraine une réaction a chaine dont le dynamisme nous attire au centre même de la réalité chrétienne. Jésus est vraiment le Fils de Dieu, Jésus est vraiment mort est ressuscité! Jésus est vraiment MON Seigneur et mon Dieu : Jésus est le même aujourd’hui, qu’il était hier et qu’il sera sans fin! Et Jésus doit revenir dans la gloire au dernier jour.

Loin d’être une abstraction logique ou un quelconque « être de raison », Jésus est si vrai, si réel et si présent qu’il m’enflamme d’amour pour lui au point que je lui abandonne pleinement le trône de mon cœur et la seigneurie absolue de ma vie !

Or, toute cette expérience n’est pas le terme logique d’un raisonnement ou d’une thèse de théologie : c’est le résultat concret d’une rencontre personnelle avec Jésus, parfaitement Dieu, parfaitement homme qui VIT aujourd’hui avec moi et en moi, avec son Église et dans son Église, avec les hommes et dans l’humanité du 20e siècle.

La prise de conscience en profondeur que Jésus-Christ est « sauveur » et « rédempteur » fait pénétrer plus avant au sein du mystère trinitaire : On saisit mieux la relation vitale et « essentielle » (dans l’économie actuelle du salut) entre Trinité et rédemption. Cela explique l’unité profonde de la spiritualité trinitaire qui évolue tout entier de cet axe bipolaire : des hauteurs sublimes et ineffables de l’amour vivant et personnel du Père, du Fils et de l’Esprit jusqu’aux abimes les plus sordides de l’homme déchu, abandonné, mal-aimé, laissé-pour-compte, déchet et rebut de l’humanité. « DES SOMMETS AUX ABIMES AU SERVICE DE LA TRINITÉ DANS LE TÉMOIGNAGE DE LA TRINITÉ ».

3- Signes et témoins du mystère de l’amour, d’un amour personnel, engagé, rédempteur, au sein de la misère humaine, spécialement de la captivité – sociale, économique, politique, religieuse; Voilà la vie même qu’inspire et que soutient la spiritualité trinitaire : loin d’être une élaboration intellectuelle, académique ou théor
ique, c’est une vie incarnée dans la réalité concrète de l’existence humaine!

Ça vit, ça vibre, ça vivifie, ça trépide d’action et de vie tout en se nourrissant aux sources vives de la contemplation et de l’amour.

Faut-il être nécessairement un « religieux trinitaire » pour faire cette expérience spirituelle? Pas le moins du monde. Depuis un an surtout, j’ai rencontré en Amérique et en Europe des centaines de catholiques et de protestants, hommes et femmes de toutes races et de toutes conditions qui vivent sur cette longueur d’onde : TRINITÉ ET RÉDEMPTION.

La seule différence, c’est que le religieux trinitaire a fait, dans sa vie, l’option fondamentale qui orientera et capitalisera toutes ses énergies apostoliques vers l’établissement du règne social de la Trinité dans la puissance de l’Esprit saint.

Mais son désir le plus cher c’est d’accorder à son ministère toutes les âmes « trinitaires » qui vivent et vibrent comme lui de ce même idéal. D’où le besoin d’établir diverses formes d’affiliation à la grande famille trinitaire. Comme tout phénomène VITAL, la vigueur du germe garantir, en promesse, l’abondance des fruits.

Qu’il me suffise de résumer mes propos sur la spiritualité trinitaire en citant le texte de nos nouvelles constitutions.

4- « Les frères de notre ordre, en tant qu’ils y sont incorporés, se donnent à la Trinité, a un titre nouveau et particulier; » avec ferveur, en effet, nous croyons que Dieu, par sa miséricorde, nous a mis à part pour porter et diffuser le nom de la Trinité ».

En partant de cette conviction trinitaire « vivement imprégnée en eux, ils veulent « vivre continuellement dans la familiarité du Père, PAR son Fils Jésus-Christ, dans l’Esprit saint », en croissant sans cesse dans la charité envers Dieu et le prochain : ainsi faut-il que TOUTE LEUR VIE, spirituelle, liturgique, religieuse, communautaire et apostolique découle constamment de la et y trouve toujours sa rénovation.

5- « L’esprit de notre ordre, de même ses intentions, son mode de vie, procède-t-il de la CHARITÉ REDEMPTRICE (charité régénératrices, salvifique, salutaire). Nos pères, en effet, fortement émus par les dangers auxquelles la foi était en butte, gémissant aussi sur le tourment des hommes, voulurent apporter des remèdes spirituels et sociaux aux maux les plus urgents de leur époque, surtout à la captivité des chrétiens (aux mains des musulmans). Aussi, le rôle et le devoir de notre ordre, c’est de mettre tout son zèle à assister ces hommes dont la foi est entravée ou mis en péril à cause des circonstances de lieux ou de temps, principalement ceux qui sont privés de leurs droits à la liberté et à la justice, et qui sont soumis aux souffrances et aux tourments dans leur corps et dans leur âme. Afin que, libérés de ces sortes de captivité et d’esclavage, ils arrivent enfin à jouir pleinement de la glorieuse liberté des enfants de Dieu. »

Apporter à tous les hommes du monde en proie à l’injuste captivité la totale liberté que leur a librement octroyé la Trinité sainte dans et par la rédemption universelle acquise par le Précieux sang de Jésus : voilà l’essence de la vocation trinitaire : Conscience vivante et agissante de la chrétienté au cœur même de la captivité.

Vivre en relation intime, personnelle et constante avec le Père, le Fils et L’Esprit saint pour être des signes authentiques et les témoins efficaces de sa présence, de sa puissance et de son amour sur la terre des hommes, dans la réalité trépidante du monde contemporain : voilà l’essence de la spiritualité trinitaire : prise de conscience de l’amour dévorant de Dieu au cœur même de l’existence humaine.

Du vrai, du réel, du vivant, du vécu, du concret, du pratique.

De l’existentiel, de l’Emmanuel : Dieu avec nous, en nous et pour nous.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinité Liberté, Vol.3 No.5, septembre et octobre 1970, pp.2 à 5. Revue conservée chez Bibliothèque et archives nationales du Québec (BANQ – PER120)

En ce 20 aout 2025


LE BALADO: L'église catholique Sainte-Famille, a Boucherville


ARTICLE DU JOUR: Quelques propos sur l’amour

Quelques propos sur l’amour

Propos choisis par Benoit Voyer

20 août 2025

De Christian Lépine

1- « Aimer, c’est se donner et toujours aussi se montrer. Se montrer, c’est se dévoiler tel que l’on est avec ses dons et ses limites, ses richesses et ses faiblesses. Se montrer c’est, délicatement, dire ce qui nous blesse. Se montrer, c’est, affectueusement, dire ce qui nous comble. Se montrer, c’est dire à l’autre combien son amour nous fait vivre, combien le mystère de sa personne nous éblouit sans cesse. »

2- « On sait que le cœur humain est le symbole par excellence de l’amour et qu’il nous renvoi aux sentiments les plus profonds qui nous habitent. Le cœur exprime le centre de la personne, le lieu du « je » libre d’où surgissent les décisions par lesquelles on s’engage dans la vie, dans les relations humaines, dans la vie de couple et de famille, dans le service des autres. Le cœur signifie l’amour, car il est le lieu ou retentissent les affections humaines. C’est pourquoi le langage du cœur est compris universellement quelle que soit la culture. Le cœur dit la personne et la profondeur. »

3- « On entend de toute part : aimer, c’est trouver la personne qui satisfait les besoins du moment. Il ne s’agit pas de satisfaire ses besoins, mais de mettre en premier le bonheur de l’autre. Une relation de consommation est un acte de violence, non un acte d’amour. Réduire l’autre a un objet par lequel je me satisfais, c’est l’amour de soi égocentrique qui dépossède l’autre de sa dignité de personne digne d’être aimée pour elle-même ».

4- « Le cœur aspire à la communion et lorsque celle-ci n’est pas atteinte malgré un engagement résolu et tous les efforts, il y a comme un vide qu’on n’arrive pas à combler, une insatisfaction profonde qui laisse malheureux. Il peut en résulter un état de tristesse qui nous habite auquel on pense peut-être pouvoir s’habituer, mais qui occasionnellement ou fréquemment, se manifeste douloureusement comme une blessure cicatrisée qui ne guérit jamais. Le cœur seul est ainsi à la recherche de la communion des cœurs, et il découvre parfois durement que l’être humain est fait pour aimer et pour être aimé, que « moi » j’ai une vocation a l’amour et à la communion. Sans cela, on pourrait vivre seul sans en souffrir. Je peux vouloir aimer de tout mon cœur, mais je ne peux décider pour les autres qu’ils répondent à mon amour. On peut alors chercher à échapper à la solitude du cœur par des rêveries affectives ou par les aventures sans lendemain qui laissent plus seul encore. »

5- « Lorsque l’être humain aspire à la communion des personnes, c’est la communion de toute la personne, âme et corps, qu’il vise : connaissant et s’exprimant par et avec le corps, il ressent, parfois vivement, le besoin de contacts physiques pour réaliser la communion à laquelle il aspire, car le corps est fait pour exprimer l’accueil et le don, ainsi que pour vivre la communion. Autrement, il n’y aurait pas de solitude du corps. On peut chercher à échapper à ce type de solitude par la manipulation de notre corps comme de celui des autres, mais sans n’atteindre jamais, au-delà du plaisir passager, une paix véritable. »

Du Frère Marie-Victorin

1- « Vous savez que l’amour atteint son sommet par une compénétration totale des êtres qui s’exprime par la pénétration des corps qui n’en font plus qu’un pour, à ce moment, allumer à nouveau le flambeau de la vie pour une nouvelle génération. Mais il y a entre certains humains des unions qui consistent uniquement en une compénétration totale des âmes, en sorte qu’ils n’ont plus qu’une même pensée, qu’ils ont une attitude commune vis-à-vis des grands problèmes de la vie charnelle et de la vie spirituelles, qu’ils n’ont pas de secret l’un pour l’autre ».

Du Padre Pio

1- « Savoir aimer, c’est savoir souffrir un peu ».

2- « Ce qu’il y a en nous de rebelle, seul l’amour peut le dompter, car le langage de l’amour, c’est la persuasion de la confiance. Autant l’amour est beau et vrai s’il est vécu comme un don à l’autre, autant il est faux s’il est une prétention ou une recherche de soi. »

De Christian Beaulieu

1- « Dans l’amour on ne regarde pas de haut en bas. On ne se pense pas en amour. Autrement, ce ne serait pas de l’amour. Se pencher sur un enfant, ce n’est pas aimer un enfant. Se pencher sur le peuple, ce n’est pas aimer le peuple. Il n’y a pas de nous en haut, eux en bas. En amour pas de condescendance ou de protection qui fait sentir, même au plus chaud de l’intimité, que l’aimé n’est pas l’égal de l’aimant. »

PAROLE DE Karim Elayoubi


NATURE


Le Grand-Boisé de Pointe-du-Lac, a Trois-Rivières

PAROLE ET VIE avec Roland Leclerc no 11 (1993) - Première diffusion


Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 11 (1993).
SPÉCIAL NOEL 

Au programme: 
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: La visite des mages a Bethléem; 
2- Les Œuvres du Toit de Bethléem, a Montréal; 
3- La crèche du Vieux Port de Montréal; 
4-La Maison du Père, a Montréal. Invités: Père Sylvio Michaud et frère Denis Gilbert, Trinitaires; 
5- Les moines cisterciens de Rougemont chantent; 
6- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle de l'étable de Noel; 
7-Le Père Noel du Complexe Desjardins; 
8- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: La préparation a Noel; 
9- Le comédien Paul Buissonneau lit un extrait de la bible.

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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 11 (Fonds Benoit Voyer) 
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby

JEAN-PAUL REGIMBAL: Apôtre inconnu


Apôtre inconnu

- Ma décision est prise ! J’entre la semaine prochaine chez les Frères convers.

- Pas possible ! A ton âge ! Un garçon aussi doué que toi ! C’est de la folie, voyons ! Aller s’enterrer vivant dans un monastère pour devenir le cireur de bottes de ses confrères ? Tu perds la tête ?

- Mais pas du tout. De toute évidence, tu n’y comprends rien. Cela ne me surprend pas car notre Seigneur disait a ses disciples : “Celui-là seul à qui il aura été donné de comprendre, comprendra !” Je vois bien que tu n’es pas de ceux-là … Ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu. Il faut en prendre son parti !

Bien répondu, cher ami. Que ta réponse parvienne à tous ceux qui trouvent objection à ce qu’un jeune homme décide de se consacrer corps et âmes au service de Dieu dans les rangs des Frères convers.
Il est particulièrement triste de voir venir ces objections de la part de ceux-là mêmes qui devraient être les promoteurs de vocations religieuses au milieu de notre jeunesse. Que de parents ont essayé ainsi de détourner leur grand gars de poursuivre la route du plus grand amour ; que de pasteurs ont découragé les enthousiasmes de leurs jeunes en couvrant de ridicule la légitime ambition de ceux qui aspiraient à la vie religieuse du frère convers.

Et pourtant cette vocation est à la fois évangélique, noble et sublime !

Vocation évangélique
L’idéal de pauvreté, de chasteté et d’obéissance que le Christ a proposé à ses disciples n’apparait pas comme un commandement imposé aux prêtres ou aux évêques de l’Église naissante. Il est contraire suggéré comme un conseil à ceux - prêtres ou fidèles - qui aspirent à imiter de plus près leur divin modèle : “Si tu veux être parfait, va, vends tous tes biens, prends ta croix et suis-moi !”

Le Christ lui-même a énoncé les moyens les plus efficaces de parvenir au sommet de la perfection chrétienne : pauvreté : vendre tous ses biens ; chasteté : devenir eunuque volontaire pour le royaume de Dieu ; obéissance : se renoncer soi-même par amour pour Jésus. (Mt 19,21. 19, 10-12. 16,24).

Et Pie XII explicite l’enseignement du Seigneur en affirmant : Ce n’est pas parce qu’il est clerc, mais parce qu’il est religieux que le clerc régulier professe la condition et l’état de perfection.” (Allocution aux membres du 1er Congrès international des religieux, 8 décembre 1950). Peut-on dire plus clairement et avec plus d’éloquence que le religieux, en tant que religieux, a une valeur propre aux yeux de Dieu et de son Église, du fait qu’il s’engage publiquement et officiellement dans l’état de perfection ?

Vocation noble
Devenir religieux – a quelque titre que ce soit – c'est faire preuve de noblesse d’âme. Car celui qui assume les responsabilités de cet état doit prouver au préalable qu’il est inspiré par des motifs surnaturels : l’amour de Dieu et le salut des âmes. L’Église elle-même impose cette condition lorsqu’elle exige du candidat à la vie religieuse la pureté d’intention. Un monastère n’est pas “une espèce de maison de retraite pour les désabusés, les neurasthéniques, les misanthropes ou viennent pleurer leurs déceptions tous les laissés pour compte. Pourquoi les cloitres ? Mais pour recevoir les âmes qui brulent d’un trop grand amour de Dieu et qui ont besoin d’un champ d’apostolat vaste comme le monde, les âmes qui ont compris les profondeurs du mystère de la rédemption en voyant le Christ plonger tout son être dans une accumulation étonnante de douleurs, et se courber sous la mort pour sauver le monde.” (P. Jacques, o.c.d.)

Vocation sublime
Celui qui embrasse la vie religieuse – clerc ou convers – entend prendre par-là les moyens qui l’assureront de parvenir à la perfection de la vie chrétienne. C’est une âme d’aigle, assoiffée des sommets, éprise de sainteté, animée de charité. Elle quitte tout pour rejoindre d’un coup d’aile vigoureux celui qui seul est son unique bien et son amour total. Voilà pourquoi il n’y a pas de place dans la vie religieuse pour les paresseux, les mous, les lâches, les blasés, les découragés, les efféminés. Voilà la raison profonde pour laquelle il y a dans l’Église une pénurie de vocations.

Puissent ces quelques lignes apporter lumière et réconfort à nos jeunes qui désireraient se faire religieux mais qui ne trouvent pas l’appui qu’ils attendent de leur entourage.

L’Église a besoin de religieux! Et la qualité de religieux – qu'il soit prêtre ou convers – est une richesse dont bénéficie tout le corps mystique par l’intensité de la charité qui inspire à la fois à sa consécration et sa persévérance!

Sa sainteté le pape Pie XII, de regrettée mémoire, déclarait le 8 décembre 1950: “Que personne ne soit poussé malgré soi à se donner à cette consécration. Mais si quelqu’un le veut, qu’il n’y ait personne pour l’en détourner”.

Nous demandons également à tous ceux qui ont charge d’âmes de se faire les apôtres et les promoteurs de vocations religieuses dans notre jeunesse moderne, Il existe aujourd’hui autant de vocations qu’autrefois; seulement un plus grand nombre d’entre elles se perd faute de lumière, de direction et de nourriture. Dieu vous a confié la tâche digne entre toutes d’être le père d’une foule d’âmes. A vous revient donc la responsabilité de guider ces âmes dans la voie de Dieu.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 6, février et mars 1959, pp.3 à 5. Revue conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska (Fonds P049).

En ce 19 aout 2025


LE BALADO: Mgr François Lapierre no 3


ARTICLE DU JOUR: Mgr Jean-Louis Martin, p.m.é.

Jacqueline Martin et Mgr Jean-Louis Martin, en 2017
Mgr Jean-Louis Martin, p.m.é.

Par Benoit Voyer

19 août 2025

Jean-Louis Martin est né le 18 avril 1934 dans la paroisse Saint-Philippe, à Trois-Rivières. Son père est ouvrier à la "St-Lawrence", une papetière. Il fait sa première classe à l’école élémentaire Saint-Philippe.

Au décès de sa mère, son père n'étant pas capable d'assumer seul le garde de ses enfants, il se retrouve à l'orphelinat Saint-Dominique et ses sœurs à l'internat des Filles de Jésus, à Cap-de-la-Madeleine.

A sa 3e année, il passe au Jardin d'enfance, situé en face de la Société canadienne des postes où est aménagée la statue du Soldat inconnu.

Il finit par entrer au Séminaire St-Joseph, à Trois-Rivières, pour faire son cours classique. Il termine ses études en juin 1953. Il s'oriente vers le sacerdoce et se joint à la Société des prêtres des missions étrangères.

Le 1er juillet 1957, il est ordonné prêtre à l’église Saint-Philippe.

Le père Jean-Louis Martin prolonge ses études en éducation, car sa congrégation pense l'envoyer aux Philippines. A la fin de sa formation, il est finalement orienté vers le Pérou où les besoins sont grands.

De simple prêtre, il deviendra évêque du vicariat apostolique de Pucallpa su Pérou.

Le territoire qu'il s'occupe comprend 400 000 habitants sur un superficie de 52 000 km². Lors de notre rencontre du 27 aout 1996, il avait la charge de 17 prêtres. Il me racontait que les conditions de déplacements à travers son diocèse étaient difficiles. Sur les 500 km de routes, 80 km étaient recouverts d'asphalte. Il devait souvent visiter les villages en empruntant la voie des rivières.

Le 10 août 1996, Mgr Jean-Louis Martin célébrait son 10e anniversaire d'épiscopat dans un immense colisée péruvien où étaient rassemblés 5000 personnes, dont une quinzaine d'évêques. Parmi ces derniers, il y avait son ami Mgr Laurent Noël, évêque de Trois-Rivières, et Mgr Gilles Lussier, évêque de Joliette.

C’est grâce à mon travail de journaliste que j’ai eu le privilège de le rencontrer. Arrivé au Canada le 14 août 1996, il devait repartir le 15 septembre. Il prenait deux semaines de congé avec sa famille, dont sa sœur et son beau-frère habitaient au 6325, avenue de la Montagne à Trois-Rivières Ouest. Le programme de son séjour consistait à un séjour sur le bord d'un lac à Saint-Élie-de-Caxton et des visites chez des amis, des confrères, son médecin et chez des organismes qui pouvant contribuer au financement des services de son diocèse.

PAROLE DE Florence K.

NATURE


Le Grand-Boisé de Pointe-du-Lac, a Trois-Rivières

PAROLE ET VIE avec Roland Leclerc no 10 (1993) - En rappel


JEAN-PAUL REGIMBAL: Vers le père, par le Fils, dans le Saint-Esprit


Vers le père, par le Fils, dans le Saint-Esprit

Voici que nous terminons, avec cet article, la série intitulée : “La Trinité dans ma vie”. Comme nous le disions précédemment, dans notre premier article : le mystère de la très sainte Trinité est le premier et le plus grand des mystères de notre foi ; il est le soleil resplendissant qui éclaire tous les autres mystères. Si Dieu a pris la peine de nous révéler ce secret de sa vie intime, c’est qu’il a voulu que cette lumineuse vérité éclaire, réchauffe et vivifie notre âme, notre propre vie intérieure.

Dans cette perspective trinitaire, on sait quasi-naturellement que la vie spirituelle du chrétien n’est rien d’autre que l’ascension de l’âme vers le Père, par le Fils, dans le Saint-Esprit.

Vers le Père
Il est touchant de lire la consolante parabole de l’enfant prodigue. Combien profitable pour nous demeure cet exemple du plus misérable des hommes qui soudainement décide de rompre avec sa condition sordide pour retourner en toute humilité et repentance a la maison paternelle : “Ibo ad Patrem: J’irai vers mon Père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis pas digne d’être regardé comme ton fils. Fais de moi l’un de tes serviteurs” (Lc 15, 18-19).

Tel doit être le premier geste de l’âme : reconnaitre sa misère, sa faiblesse native, puis prendre la décision énergique d’en finir avec sa vie passée pour dire elle aussi : “J’irai vers mon Père”.

Par le Fils
Une fois que l’âme a réussi à se fixer un but bien déterminé, elle s’applique à découvrir le moyen le plus efficace pour l’atteindre. Or, l’évangile, les épitres et la sainte liturgie ne cessent de répéter sur tous les tons que Jésus Christ est la voie, la vérité, la vie, l’unique médiateur, le seul pontife qui doit conduire les hommes vers le Père : “Nul ne va au Père si ce n’est par le Fils.”. C’est pourquoi la liturgie nous remet constamment sur les lèvres la formule finale : “Per Christum Dominum Nostrum: Par Jésus-Christ, notre Seigneur”.

Ainsi l’enquête de l’âme sincère prend vite fin car elle reconnait que le Christ Jésus est le seul qualifié à la conduire vers sa destinée éternelle. Lui seul, en effet, a franchi l’abime infini qui sépare Dieu de l’homme. Homme et Dieu a la fois, il est le pont jeté sur cet abime afin de permettre aux hommes de retourner à Dieu après s’être lui-même rendu auprès des hommes.

Engagée dans la voie purgative par sa décision courageuse, l’âme progresse maintenant dans les sentiers de la lumière, la voie illuminative, par Jésus-Christ Notre Seigneur. Elle est éclairée par les clartés de sa doctrine, elle est vivifiée par la vertu de ses sacrements, elle est transformée par la puissance de son exemple et elle est incorporée a lui par la grâce de la filiation dont sa propre filiation adoptive est une participation réelle bien qu’analogique.

Dans le Saint-Esprit
Sous l’action transformante de la grâce, l’âme s’élève enfin dans les régions béatifiantes de la vie unitive. Sa marche résolue dans la voie de la vérité la conduit bientôt dans la plénitude de la vraie vie, selon le vœu ardent du Christ: “Je suis venu afin qu’ils aient la vie et qu’il l’aient en en abondance”.
Or, la vie que Jésus vient de nous communiquer n’est autre que la vie divine de la très sainte Trinité, vie d’amour réciproque entre son Père et lui, vie consommée dans l’unité de leur commun Esprit.

Entrainée dans ce courant vital, l’âme se dépossède en quelque sorte d’elle-même pour s’abandonner à l’activité de Dieu en elle. Elle se laisse conduire par la main sous l’impulsion de l’Esprit saint comme l’enfant se laisse guider sous la direction de sa mère. O admirable passivité de cette vie unitive. O intense activité, o inépuisable fécondité de cette union mystique entre l’âme et son Dieu. O paix, o suavité de cet état sublime ou l’Esprit opère sans entrave dans l’âme qu’il habite sans partage.

Conclusion
Voilà, âme chrétienne, a quelle notre destinée la Trinité sainte t’appelle depuis l’instant de ton baptême ou, incorporée au Christ, tu es devenue la fille du Père, le temple de l’Esprit, le sanctuaire sacré de la très sainte Trinité.

Tout cela demeure pour toi du réel et du réalisme pour peu que tu te rendes compte des richesses qui sommeillent en toi, inexploitée, infructueuses, inappréciées quoique inappréciables. Hâte-toi d’inventorier tes trésors pour commencer, dès aujourd’hui ta progressive ascension vers Dieu le Père, par Dieu le Fils, dans le Saint-Esprit.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 5, décembre 1958 et janvier 1959, pp.6 à 8. Revue conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049).

En ce 18 août 2025

LE BALADO: Mgr François Lapierre no 2


ARTICLE DU JOUR: La vénérable Élisabeth Bruyère

Élisabeth Bruyère
La vénérable Élisabeth Bruyère

Par Benoit Voyer

18 août 2025

Fille aînée de Charles Bruguier (1763-1824), cultivateur et capitaine de la milice, et de Sophie Mercier (1796-1849), Élisabeth Bruyère naît le 19 mars 1818, à l'Assomption, dans l’actuelle région de Lanaudière, au Québec.

En 1824, au décès de son père, la mère de famille et ses trois enfants se retrouvent dans une situation économique précaire. Élisabeth n’a que 6 ans.

A 16 ans, Elisabeth devient enseignante dans une école de rang.

En 1839, elle entre chez les Sœurs de la Charité de Montréal, congrégation fondée par sainte Marguerite Dufrost de la Jemmerais (1701-1771), veuve de François-Madeleine d’Youville (1700-1730). Cette communauté religieuse se consacre au service des pauvres. A cause de son expérience auprès des jeunes, on lui confie le soin des orphelines. Élisabeth a 21 ans.

En 1844, pour donner suite à une demande, les « Sœurs Grises » s’établissent à Bytown (ancêtre d’Ottawa), « en vue de procurer à cette ville, un asile pour les infirmes et les orphelins, des écoles pour les petites filles pauvres et, de plus, de faire visiter les malades à domicile ». Le choix de la direction de la communauté s’arrête sur Élisabeth Bruyère, une jeune sœur vaillante et obéissante. Elle sera surprise par ce choix, mais se fie au discernement de ses supérieures.

Élisabeth devra faire preuve d’autonomie et de leadership puisque ce n’est pas une succursale de Montréal qu’elle doit mettre en place, mais une nouvelle congrégation religieuse autonome.

Le 20 février 1845, Élisabeth et ses compagnes arrivent à Bytown. Les cloches des églises sonnent pour les accueillir. Lorsque les carillons se taisent, Élisabeth se dit en elle-même : « Sois Bonne Nouvelle pour les pauvres. » Ainsi en serait-elle aussi pour ses consœurs.

A Bytown, depuis 1841, on construit l’église Notre-Dame. Le 25 juin 1847, lors de l’érection Diocèse catholique de Bytown, elle deviendra la cathédrale du siège épiscopal.

Dès le lendemain de leur arrivée, les Sœurs de la Charité se mettent à visiter les malades, les pauvres et les personnes âgées.

A partir du 3 mars 1845, les religieuses aménagent deux classes dans un hangar. Elles accueillent leurs premières écolières. Peu de temps après, on lui amène des enfants orphelins dont on prendra la charge. Élisabeth Bruyère dit souvent à ses soeurs: « Faites-vous aimer des élèves, reprenez-les avec douceur, comme des mères, mais soyez fermes. »

En moins de trois mois, elles mettent en place les premiers jalons d’un petit hôpital. Elles donnent elles-mêmes des soins aux malades et veillent avec affection sur les personnes âgées qu’elles hébergent.

Ses compagnes entendront souvent Élisabeth, leur supérieure, dire : « Si nous perdons l'amour du pauvre, nous perdons notre esprit propre. »

En 1855, Bytown prend le nom d’Ottawa. Le 31 octobre 1857, la municipalité devient la capitale de la province du Canada-Unis et, en 1867, lors de la naissance du Canada, celle du nouveau pays. Élisabeth et ses sœurs verront se construite les bâtiments gouvernementaux à partir de 1859.

Élisabeth Bruyère décède à Ottawa, le 5 avril 1876. De quelques compagnes à son arrivée à Bytown en 1845, elles sont plus de 200 lors de son départ pour l’autre monde, réparties en Ontario, au Québec et aux États-Unis. Plus tard, elles s’établiront dans de nombreux pays.

Le 14 avril 2018, Élisabeth Bruyère est déclarée vénérable par le pape François. Elle repose au cimetière Notre-Dame, a Ottawa, a quelques pas du premier ministre Wilfrid Laurier.

PAROLE DE Florence K

NATURE


Les sentiers de la Montagne-Coupée, a Saint-Jean-de-Matha,
dans la région de Lanaudière, a l'automne 2024

PAROLE ET VIE avec Roland Leclerc no 9 (1993) - En rappel


JEAN-PAUL REGIMBAL: Le culte de Notre-Dame du Rachat au Canada


Le culte de Notre-Dame du Rachat au Canada

La dévotion a la reine du ciel et de la terre sous le titre de Notre-Dame du remède s’établit dans tous les lieux où se rencontrent les religieux de l’Ordre trinitaire. C’est que, en effet, cet Ordre lui voue un culte spécial en tant que patronne et protectrice de cet institut.

Chose surprenante cependant, le nom de la Vierge de « Los Remedious » précéda de plusieurs siècles l’arrivée des Trinitaires au Canada. En 1775, un explorateur espagnol Juan Perez fut envoyé par le vice-roy du Mexique pour explorer la côte ouest du Canada. Au cours de cette expédition, un des membres de son équipe, portant le nom de Quadra, place sous le patronage de la Vierge de « Los Remedious » le point majestueux qu’il vient de découvrir. Le malheur veut toutefois que cette baie profonde perde son illustre titre en 1778 lorsque le capitaine Cook lui impose le nom anglais de « Bau of Islands ».

Quoi qu’il en soit de ces préludes séculaires, nous pouvons parler avec plus de détails de l’effort tenté par les premiers religieux trinitaires au Canada français pour faire mieux connaitre et mieux aimer la douce Vierge du Remède.

Le premier monument du culte à Notre-Dame du Remède à Montréal est conservé à la paroisse Saint-Jean-de-Matha de Ville-Émard. Il s’agit d’une peinture représentant la Vierge assise sur un trône drapé de riches tentures qui présente à saint Jean de Matha une bourse d’argent pour le rachat des captifs. L’auguste reine tient dans ses bras l’enfant Jésus qui porte dans ses mains potelées un scapulaire blanc a la croix rouge et bleue. Cette œuvre est due au pinceau du R.P. Pie de la Trinité, deuxième curé de la paroisse, dont le talent s’efforça de reproduire une toile originale gardée dans l’ancien couvent de Saint-Thomas-in-Formis.

C’est devant cette image pieuse que vinrent quotidiennement prier les premiers novices canadiens revêtus de l’habit trinitaire. Toutefois, le rayonnement de cette dévotion ne pouvait pas facilement, dans les circonstances pénibles de la fondation naissante, dépasser de beaucoup le cadre restreint de la communauté et de la paroisse.

Avec le développement de la communauté, il devint plus facile de propager un peu plus le culte et la dévotion si chers à l’Ordre trinitaire. Lorsqu’en 1940, le R.P. Antonin de l’Assomption fut désigné comme supérieur du couvent de Saint-Bruno, il mit de tout son cœur et son énergie à obtenir une statue représentant la Vierge du Remède. Il s’adressa aux révérendes sœurs de Notre-Dame du perpétuel secours (Saint-Damien-de-Bellechasse) pour réaliser l’exécution de ce projet.

La révérende sœur Sainte-Émérentienne n.d.p.s. accepta la tâche délicate de mouler pour lui une statue d’après le modèle de la vierge Marie vénérée à Marseille et dont l’image avait été envoyée au Canada par le R.P. Ludovic de Saint-Joseph. La religieuse artiste put sortir de ses ateliers une réplique de Notre-Dame du Remède admirable de douceur et de suavité, statue qui fut bénite solennellement le 17 août 1941 et installée aussitôt dans le couvent de Saint-Bruno (Chambly).

Le père Antonin ne se contenta pas de cette première œuvre. Il voulut diffuser le culte de Notre-Dame du Remède en faisant imprimer des images de divers formats représentant la statue réalisée en 1941. Mais le père, plein de zèle, n’eut de repos que le jour ou il vit enfin sortir des presses un feuillet en l’honneur de la vierge du Remède comprenant, outre la reproduction déjà connue, le chant du Salve Regina propre à l’Ordre trinitaire, avec versets et oraison, un bref historique de cette dévotion peu répandue et diverses autres prières à l’usage des fidèles.

Voici déjà vingt-cinq ans que les Trinitaires se dévouent auprès des paroissiens de Saint-Jean-de-Matha. La paroisse, berceau de l’Ordre au Canada, fête en 1949 le vingt-cinquième anniversaire de fondation. L’occasion est toute désignée pour offrir un gage de reconnaissance à Notre-Dame du Remède. Grace aux soins de la maison Carli, la statue de Notre-Dame revêt une nouvelle forme. Parée d’un diadème royal, la vierge du Remède pour l’habit tricolore de l’Ordre trinitaire. C’est au cours de l’anniversaire d’argent, un peu avant la messe de minuit dans la soirée du 7 au 8 septembre, que la statue fut bénite par le révérendissimes père Ignace du Très-Saint-Sacrement, ministre général de l’Ordre de la très sainte Trinité.

A l’approche de l’année sainte, un nouveau projet marial prend racine dans le cœur d’un trinitaire canadien. Elaborée dans la réflexion et la prière, l’œuvre de Notre-Dame du Remède ou du rachat s’organise sous l’impulsion du révérend père Pierre de la Nativité, vicaire provincial des Trinitaires au Canada :

« L’œuvre de Notre-Dame du rachat a été fondée pour répondre au désir de sa sainteté Pie XII, qui déplore avec une immense tristesse ce renversement de l’ordre social, et elle a pour but de faire prier pour les captifs et leur libération, pour la conversion des persécuteurs et, enfin, pour le retour de la Russie a la foi catholique ».

La chapelle de Notre-Dame du Remède qui sert de centre spirituel a l’œuvre est bénite en la fête patronale de la vierge trinitaire, le 11 octobre 1950. Une assistance imposante témoigne à notre bonne mère le désir sincère qui nous anime de répandre son culte au Canada. Plus d’un millier de membres se sont déjà inscrits dans l’œuvre de Notre-Dame du Remède (du Rachat) depuis sa fondation.

A la paroisse Saint-Jean-de-Matha revient le mérite d’avoir témoigné le zèle le plus empressé pour diffuser chez les fidèles la dévotion mariale propre aux Trinitaires. Une heureuse initiative est lancée en 1956 par le dynamique curé, P. Germain de l’Immaculée-Conception. Il s’agit d’introniser la petite statue de Notre-Dame du Remède dans les foyers de la paroisse. Une réponse spontanée fait écho a l’appel du pasteur. La Vierge du Remède domine en reine dans plus de cent cinquante famille aux quatre coins de la paroisse.

Puisse la vierge Marie bénir l’apostolat et le dévouement de ses religieux pour que non seulement soit honoré son nom très doux, mais aussi pour que la gloire et la louange de la Trinité sainte retentissent en tous lieux dans notre bien-aimée patrie.

O Notre-Dame du Remède, sanctuaire de la très sainte Trinité, accordez a toutes les âmes d’être sur la terre un temple vivant de la divinité pour bénir éternellement le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ainsi-soit-il.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 4, octobre-novembre 1958, pp. 20 a 22. Revue conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska (Fonds P049).

En ce 17 out 2025


Père Yoland Ouellet, o.m.i., père Benoit Domergue et Benoit Voyer en septembre 1997, a l'église Saint-Pierre-Apôtre, a Montréal. (Photo conservée dans le Fonds P049 de la Société d'histoire de la Haute-Yamaska)

LE BALADO: Mgr François Lapierre no 1



ARTICLE DU JOUR: Jean-Guy Dubuc

« Je ne pense pas que je serais resté prêtre si je n'avais pas eu l'occasion d'approfondir ma foi »
- Jean-Guy Dubuc

Par Benoit Voyer

17 août 2025

Jean-Guy Dubuc a longtemps été éditorialiste à La Presse et divers journaux du groupe de presse de Power Corporation. Il est avant tout prêtre catholique. Avant d’œuvrer dans l’univers des médias, il a enseigné la théologie dans une université. Pour lui, sa présence dans les médias a été bien plus qu'un travail. Elle a été sa mission de vie, sa mission de prêtre, qui est celle de porter l'Évangile.

En 2001, comme il l'a souvent refait depuis ce temps, il disait: « Il faut mettre le doigt sur le pourquoi de l'absence des intellectuels chrétiens sur la place publique, car cette absence [...] commence à être catastrophique. Est-ce parce qu'ils n'ont rien à dire ou qu'ils n'osent pas le dire? [...] Il faut cesser de penser que c'est la faute des autres, que ce sont les autres qui doivent prendre la parole, qu'on ne peut rien y faire ou autre prétexte semblable.»[1]

Ce qui a toujours animé sa vie, c’est d’être utile. C’est d’ailleurs ce qu’il me disait, il y a déjà quelques années : «Tant que je suis utile, j'ai une raison de vivre. Un prêtre qui n'est pas utile, ne peut pas vivre. Tant qu'il est utile, il a un sens à sa vie...» [...] «Je voudrais mourir 5 minutes après que je ne serai plus utile ».

Né en 1934, à Montréal, il est devenu prêtre, en 1958, parce qu'il voulait être au service des autres. Seule la vie religieuse l'assurait de réaliser pleinement cette aspiration profonde, inscrite au fond de son âme.

Le fils de Juliette Martel et d'Eugène Dubuc, originaires de la banlieue montréalaise, jouit d'une intelligence au-dessus de la moyenne. C'est à l'école Plessis, institution scolaire dirigée par les frères des Écoles chrétiennes que débute sa longue montée. En 1999, dans un grand entretien pour le Revue Sainte Anne, il me racontait: « Mon frère est allé à la même école jusqu'en 9e année. Parce qu'il était premier de classe, il a obtenu une bourse pour étudier au Mont Saint-Louis. J'ai décidé que je ferais la même chose parce que j'étais premier de classe à tous les mois et à toutes les années. A la fin de la 6º année, j'ai dit à mon père: "Je ne veux pas aller au Mont Saint-Louis!" "Pourquoi?", répondit-il. "Parce que je veux devenir prêtre!"». [...] « Il voulait que j'aille étudier chez les Sulpiciens au Collège Mont-Royal parce qu'il avait lui-même étudié là. Je ne voulais pas aller à cet endroit, parce que des gars que je connaissais allaient là. Je n'aimais pas leurs styles. Cela ne convenait pas à mon image(!). Alors, il a trouvé le Collège Grasset, sur le boulevard Crémazie, donc très loin pour moi qui habitais rue Sherbrooke, face au parc Lafontaine».

Jean-Guy Dubuc était vraiment décidé et motivé. Il faisait 45 minutes de tramway matin et soir. Ses cours commençaient à 8h15 et finissaient à 18h, presque 7 jours par semaine. Les élèves de ce collège étaient libres les mardis et jeudis après-midi; le samedi, les cours finissaient à 18 h, et le dimanche, ils besognaient de 8 h 30 à midi. Il garde de très beaux souvenirs de cette époque.

Il vit au sein d'une famille unie où tout concourt au développement intellectuel. Son père était professeur à l'élémentaire et maître de chapelle (il dirigeait une chorale). Chez lui, il fallait chanter tous les soirs. Après le souper, ils allaient tous au salon et son père s'installait au piano.

À 16 ans, en quête d'autonomie, il commence à travailler. II achète ses habits pour le collège, paie ses études et ses sorties.

Prêtre catholique
Il est de la dernière grande vague de prêtres canadiens-français. À cette époque, la vocation presbytérale est synonyme de prestige. Dans sa classe de première année au Grand Séminaire de Montréal, ils sont 25 gars de Montréal et une centaine du Québec et d'ailleurs. La vie de séminariste et prêtre est valorisée. Tous portent la soutane et sont salués dans la rue. Le prêtre fait partie de l'élite de la société. Cela est inscrit dans les mœurs. Mais porter la soutane, ne lui plaisait guère. Dès qu’il a pu s’habiller en civil, il l’a fait.

Une histoire de soutane
Le cardinal Paul-Émile Léger n'aimait pas tellement voir son nouveau venu sans soutane et col romain. Il n'a pas manqué de le lui dire. Cependant, il a su respecter ce choix fondé sur quelques arguments valables.

Néanmoins, puisque le jeune abbé Jean-Guy Dubuc est brillant, président des étudiants de sa classe au Grand Séminaire et un peu marginal, son supérieur et archevêque de Montréal décide de le garder bien à la vue en le nommant vicaire à la cathédrale.

Jean-Guy Dubuc me racontait : «Lorsque je suis allé étudier en France et en Belgique et que je suis allé à Rome pour participer au Concile Vatican II, je ne portais pas de soutane et de col romain! Le Cardinal [Paul-Émile Léger] était mal à l'aise avec cela, mais je lui ai expliqué mon point de vue. Pour moi, le prêtre déguisé, c'est le prêtre de l'Ancien Testament, l'homme retiré du peuple. L'homme du Nouveau Testament, c'est l'homme dans le peuple qui est pêcheur ou comptable et qui vit dans son milieu». Le « prince de l’Église de Montréal » était un homme ouvert.

En Europe
Après avoir été vicaire, aumônier de l'aviation et aumônier diocésain de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), il part, à la suggestion de l'ordinaire du diocèse de Montréal, poursuivre sa formation universitaire en Europe. Durant l'année 1961-1962, il étudie à l'Institut Lumen Vitae à Bruxelles, mais cela ne convient pas à ses attentes.

Après trois semaines, il rencontre le chanoine Philippe Delaye dont l'influence est grande en Belgique puisqu'il est prêtre et sénateur au gouvernement. Il est le représentant de l'Église au gouvernement et professeur à Rome et à l'Ille. Il conseille à Jean-Guy Dubuc d'aller étudier à l'Ille.

Il ajoute : «Comme j'étais lié à Lumen Vitae, j'ai décidé de faire les deux en même temps. Tous les matins, je partais à 7 h avec ma voiture pour deux heures de route. Après mes trois heures de cours à l'Ille, je prenais une bouchée, je rentrais et je prenais mes cours à Lumen Vitae. Le soir, j'étudiais. Le lendemain matin, je repartais. J'ai fait cela pendant une année ».

Participation au Concile Vatican II
En 1962, à la suggestion de Paul-Émile Léger, il laisse tomber l'offre de devenir aumônier des étudiants à Paris. Il opte plutôt pour une poursuite de ses études au doctorat à l'Université Grégorienne, à Rome, afin de suivre de près le Concile Vatican II et de se retrouver auprès du Cardinal et de ses deux collaborateurs.

Ce qu'il rencontre au Concile, c'est une Église contestataire, car il y avait de grandes oppositions. Les positions du cardinal Léger et du cardinal Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II n'allaient vraiment pas dans le même sens, surtout sur la notion même d' «Église»

Jean-Guy Dubuc commente, le sourire aux lèvres : «Heureusement que le cardinal Léger était un batailleur! J'ai appris au Concile qu'il est important d'affirmer ce que l'on croit et de prendre les moyens pour imposer sa volonté. Le Cardinal s'est vraiment imposé. Il a eu des interventions extrêmement importantes qui ont influencé l'Église d'aujourd'hui ».

Au Concile, l'ouverture de l'Église sur le monde était la préoccupation d'un certain nombre d'évêques et de théologiens, et c'était loin d'être l'opinion de plusieurs autres qui étaient encore liés à une Église extrêmement hiérarchique et extrêmement romaine, liée aux dicastères romains.

La décentralisation est apparue et, surtout, les notions «Église peuple de Dieu» et «sacerdoce au service du peuple de Dieu». L'idée d'un sacerdoce hiérarchique et dominant devenait dépassée. C'est là que Jean-Guy Dubuc s'est formé à l'idée que sa vie trouve un sens dans le service.

Comme dans une relecture de vie, il me lance : «Heureusement que j'ai fait un doctorat. Je ne pense pas que je serais resté prêtre si je n'avais pas eu l'occasion d'approfondir ma foi, parce que la théologie apprise au séminaire me rebellait. Il fallait apprendre des thèses, que nous ne comprenions pas, par cœur. Je comprends pourquoi tant de prêtres intellectuels ont décroché à cette époque: il y avait une opposition entre la foi et la raison».

À Rome, il a appris à raisonner sa foi. Il a vu qu'il est possible de ne pas être en accord et d'avoir le droit de se définir comme catholique et croyant. Il a aussi appris qu'il est possible d'être contestataire et prêtre. Tout cela l'a rassuré.

Retour au Canada
À son retour au Canada, en 1963, il devient professeur à l'Université de Montréal. Ses sujets: la catéchèse et le rapport foi et raison. Son discours devient: l'Évangile doit s'incarner dans la culture contemporaine.

En 1967, le cardinal Paul-Émile Léger lui demande de prendre la direction de l'Office des communications sociales et de la revue L'Église de Montréal, ainsi que de fonder un bureau de presse à l'archevêché. Tâches que Jean-Guy Dubuc accepte, tout en continuant son travail d'enseignant.

Culture de masse
Rapidement, on le sollicite pour l'animation hebdomadaire d'une heure à la télévision de Radio-Canada, trente minutes au réseau TVA et trente minutes à CKAC 730, la radio la plus populaire de l'époque.

Pendant que des confrères religieux s'intéressent à la technique médiatique, il s'intéresse au phénomène de la culture de masse. Il me racontait : «J'étais très préoccupé par cette culture populaire. Je vivais dans un monde qui avait une culture et la transmission de sa culture et, par ailleurs, j'étais dans une Église qui vivait une autre culture et qui était de plus en plus repliée sur elle-même parce qu'elle n'était pas capable de transmettre sa culture à l'intérieur d'une culture de masse qui s'imposait. C'est cela qui a créé la crise que l'Église traverse au Québec. Je trouvais cela dramatique parce que, de toute son histoire, l'Église a toujours trouvé le moyen de transmettre son message: martyrs, l'empire de Constantin, les empereurs de l'époque, les cathédrales du Moyen Age, les arts de la Renaissance...».

Selon lui, depuis 1960, et surtout depuis 1967, l'Église est incapable de transmettre son message par la culture contemporaine. Il trouve cela regrettable.

La Presse
En 1971, à la suggestion du pasteur de son diocèse, il passe au journalisme au quotidien La Presse. En 1973, il devient éditorialiste et, en 1983, éditorialiste en chef. En 1988, éditeur du quotidien La Voix de l'Est et, l'année suivante, éditeur du quotidien La Tribune. En 1993, il tire sa révérence de l'empire de Paul Desmarais.

Durant ces années, il garde toujours la même préoccupation, qui est de propager les valeurs de la vérité, de la justice, et de prendre parti pour les plus faibles et la défense de la vie.

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[1] Benoit Voyer. «Le silence des intellectuels chrétiens sur la place publique», Revue Sainte Anne, septembre 2001, page 349.